Pour Sébastien, Laurence(s), Lifang, Jean-marie qui n'étaient pas présents vendredi et ceux qui ne l'étaient pas samedi, voici une synthèse des deux jours. Vos commentaires et corrections eventuelles sont les bienvenues.
Je pense que le Dr Chicoine a utilisé quelques formules chocs pour marquer les esprits et ça a marché. Manifestement, certain sur les autres forums n'ont retenu que les phrases chocs.
Le Dr Chicoine commence son exposé en parlant des parents.
Si l’on veut adopter, il faut s’y préparer : se préparer à créer du temps et de l’espace dans sa vie, abandonner certaines activités pour consacrer du temps à l’enfant. Le temps reviendra tout au long des deux conférences.
Les parents doivent également très forts, tant physiquement que psychologiquement car l’enfant adopté va les tester en permanence, toute leur vie.
Les rupturesL’enfant adopté est d’abord un enfant abandonné et la rupture qu’il a vécue doit toujours être prise en compte dans nos relations avec lui. Si son éducation ne diffère pas de celle d’un enfant biologique, il faudra toujours y intégrer les différentes ruptures qu’il aura subies.
L’enfant a subi trois grands types de rupture :
1- Une rupture alimentaire, qu’elle soit prénatale ou post-natale, qui peut aller jusqu’à l’intoxication chimique ou alcoolique.
Cette rupture a un effet important sur le développement futur de l’enfant.
D’une part, c’est dans les 18 premiers mois de la vie que se forme le lobe limbique du cerveau, encore appelé hippocampe, notre cerveau primitif, siège des émotions. Le développement de l’hippocampe nécessite l’absorption de graisses dont la carence implique une atrophie.
D’autre part, c’est durant la même période que se développe fortement la capacité crânienne qui permettra un développement suffisant du cerveau.
En plus d’être le centre de nos émotions, le lobe limbique a une fonction cognitive et gère notre attention, notre motivation et notre capacité de mémorisation. Un développement insuffisant du lobe limbique peut donc engendrer de l’hyperactivité et des déficits d’attention (Tumeur Secondaire).
La rupture alimentaire peut encore avoir pour conséquences :
• un faible développement physique qui va conduire à un déficit moteur (Tumeur Quaternaire)
• un faible développement du cerveau (l’hémisphère droit se développe juste après le lobe limbique) qui va conduire à un déficit d’abstraction (ex : faiblesse en mathématique, etc) (Tumeur Quinternaire).
2- Une rupture sensorielle
Suite à l’abandon et à son placement en orphelinat, l’enfant manque de stimulations.
Le toucher (pris dans les bras, caresses, massages), l’ouie (chant, voix connue et reconnue), le goût et l’odorat (l’odeur de la mère), la vue (voir et reconnaître une personne habituelle), la proprioception (se mouvoir dans l’espace : bercer l’enfant). Cette rupture (Tumeur Tertiaire) implique non seulement une mauvaise perception de son entourage mais aussi une absence de « perception d’être perçu ». L’enfant a tendance à s’isoler, se replier sur lui-même (dans les cas extrêmes : autisme) et à auto-compenser (dans les cas extrêmes : hospitalisme). Les manifestations les plus courantes sont les difficultés de narration (dyslexie), difficultés à reproduire les sons (dysphasie).
3- Une rupture de confiance (Tumeur Primaire)
Tous les enfants, mais de façon encore plus systématique et prolongée chez l’enfant adopté, testent leurs parents. Ils pleurent et attendent de leur part une réponse chaleureuse (sourire), rapide (ne pas le laisser pleurer pendant 1h), cohérente (adaptée à leur besoin immédiat : me pas donner un biberon alors que l’enfant devait être changé) et répétée (ne pas abandonner après deux interventions). C’est ce type de réponse que l’enfant ne trouve pas en orphelinat.
A la longue, l’enfant va entrer dans un cycle de négligence, voir même, de méfiance dans les cas extrême de maltraitance. Il va se construire une image négative de l’adulte. Cette image est inscrite, de façon non consciente, dans sa mémoire affective, le lobe limbique, au cours de ses 18 premiers mois.
Les remèdes à mettre en place.« Ce dont l’enfant adopté a le moins besoin dans les premiers mois de son arrivée, c’est d’amour. Par contre, il aura besoin d’être mis en confiance ».
La notion d’amour fait appel au cortex, non encore formé, alors que la notion de confiance fait appel au lobe limbique encore en formation (si l’enfant est adopté à +/-1 an).
1- La première chose a rétablir, et cela ressemble à une course contre la montre, c’est un régime alimentaire riche. Riche en graisses (« Caola Cartane ?? », olive, omega3 : même si les effets ne sont pas prouvés) et en protéine. Il ne faut pas avoir peur de voir son enfant grossir. Le Dr Chicoine montre quelques graphiques des poids et tailles d'enfants dont l'évolution est surprennante: en quelques mois l'enfant retrouve une taille et un poids "dans les normes", ce qui lui permettra de développer un périmètre cranien suffisant pour le développement de son cerveau.
L’enfant n’aura pas confiance concernant la nourriture, soit il se goinfrera, cachera de la nourriture, etc, soit il refusera de manger les aliments inconnus.
Les parents devront nourrir leur enfant, l’assister (se montrer nécessaire pour l’enfant), lui faire découvrir de nouveaux aliments mais ne pas le forcer, le rassurer sur la quantité et la disponibilité de nourriture (lui montrer le frigo).
Le repas devra être pris en famille, sans éléments de distraction (tv, etc). Il faut prévoir 4-5 repas par jour pendant 3-4 mois.
Avant de décider que l’enfant n’aime pas un aliment, il faut au moins essayer une dizaine de fois sur 2 mois.
2- Dans le même temps, et les 2 sont liés, il faudra mettre l’enfant en sécurité, le rassurer et tenter de rétablir la confiance.
Cette mise en confiance comprend plusieurs phases :
- de 3-4 heures : 1er contact : pleurs et cris sont des bons signes (montrent que l’enfant m’est pas complètement indifférent à vous et à son nouvel environnement).
- de 3-4 jours : apprivoisement
- de 2-3 semaines : commence à reconnaître ses parents
- de 6-12 mois: délai maximum pour réussir à rétablir la confiance. Après, c’est presque trop tard. A l’age de 18 mois (24 pour les enfants ayant un retard plus grand), la fonction d’attachement sélectif est développée ou ne le sera plus. A partir de 7-8 ans jusque 24 ans, des « corrections » peuvent encore être apportées mais il s’agit d’une intervention consciente (cortex) car l’inconscient (lobe limbique) est fixé.
Les enfants expriment très différemment leur malaise :
- les Sumos (violents) vont crier, cracher la nourriture, se laisser tomber et faire des colères,
- les Velcros (anxieux résistants) vont pleurer, s’accrocher à vous, vous appeler sans cesse,
- les Solos (évitants) vont rester seul, tout faire seul, s’isoler dans leur chambre.
Si le comportement de velcros (il m’aime car il s’accroche à moi) ou des solos (il est sage, autonome et ne pose aucun problème) peut paraître normal aux parents, ces comportement révèlent néanmoins un malaise important issu de Tumeur Primaire.
Il faut :
- se montrer DISPONIBLE pour l’enfant,
- passer du temps avec lui, lui consacrer du temps (3 à 4 heures/jour est un strict minimum).
Avant l’age de 18 mois, l’enfant n’a pas de souvenir de ses parents au-delà de 10 minutes. Le mettre à la crèche avant cet âge se passera certainement très bien car l’enfant va retrouver ce qu’il connaît le mieux mais posera un grave problème d’attachement (soit vis-à-vis de la gardienne, soit aucun attachement). Chaque soir, il redécouvrira ses parents comme si c’était la première fois. La crèche entre 18 et 30 mois, si la phase d’attachement s’est bien déroulée, n’est pas destructrice, ni négative mais n’apporte rien à l’enfant (sa phase de socialisation n’intervenant qu’à l’age de 3 ans).
- se montrer indispensable (l’assister, l’aider, jouer avec lui parfois en étant directif mais aussi en le suivant),
- exercer ses sens (et pas que du Hard Rock SVP
) en lui parlant en le regardant, en touchant, etc. Il s’agit de compenser la Tumeur Tertiaire.
- pour les plus grands, éviter d’être directif, toujours offrir des choix (qui nous arrangent, bien sûr) en y introduisant une connotation affective. Ex : Il ne veut pas ranger sa chambre : « Tu sera le bienvenu à la table du repas familial et nous seront heureux de t’y accueillir, lorsque tu auras rangé ta chambre ».
- l’enfant développe une ou deux figures d’attachement (de préférence les parents) au cours des 2-3 à 6 mois de son arrivée. Avant qu’il n’ait atteint cette phase, il est déconseillé de lui soumettre d’autres personnes (ex : grand-parents, frères, sœurs) en espérant un attachement. Il faut attendre que l’attachement aux parents soit consolidé avant de l’étendre à d’autres personnes.
L’enfant peut rencontrer d’autres personnes mais c’est dernières n’essayeront pas de consolider un attachement (ils ne répondront pas aux besoin de l’enfant, ce qui est le rôle des parents).
Trucs et astuces1- Le coin de la mauvaise humeur.
Si des crises de colère arrivent trop souvent ou si l’enfant refuse d’obéir, le Dr Chicoine préconise la technique des coins de la mauvaise humeur.
Il faut dessiner un petit bonhomme grognon sur une fiche que l’on plastifie et place aux différents étages de la maison, dans la voiture, etc.
De manière festive, on présente les cartes de mauvaise humeur à l’enfant et on lui explique, par l’exemple (scène jouée par les parents) que lorsque l’enfant ne sera pas « sage », il aura le choix entre faire ce qu’on lui demande ou aller dans le coin de la mauvaise humeur.
Lors de la crise suivante, le parent donnera le choix : « tu fais ce que je te demande ou je t’accompagne au coin de la mauvaise humeur ? » Si l’enfant refuse, il faut lui dire qu’IL a fait le choix du CdlMH, le prendre par la main et l’y emmener (attention de ne pas le mettre dans une position humiliante). De nouveau, lui demander s’il veut ou pas faire ce qu’on lui demande et le laisser réfléchir autant de minute que son age. A votre retour, la crise devrait être passée et l’enfant s’exécuter.
Cette technique a l’avantage de protéger les parents car la décision revient à l’enfant.
2- Les bons de sommeil.
L’enfant qui se réveille plusieurs fois par nuit et réclame ses parents parce qu’il a chaud, froid, peur, malade, pipi, etc.
Créer 2 bons de sommeil et, de manière festive, les donner à l’enfant en lui expliquant que ces bons lui donnent le droit de réveiller et appeler ses parents pendant la nuit.
Lors d’un premier réveil, répondre aux demandes de l’enfant et lui demander un des bons en lui expliquant que vous êtes disponible pour lui, vous êtes venu et avez fait ce qu’il demandait MAIS qu’il ne lui reste plus qu’un bon jusqu’au lendemain. Dans 95% des cas, les enfants n’utilisent pas de 2eme bon et au bout de 2 semaines, ils n’en utilisent plus.
Ici aussi, la décision revient à l’enfant.
3- La Boite à outils
Dès son plus jeune age les parents constitueront une boite qui contiendra « l’histoire de l’enfant » : des photos (lieu d’abondon, orphelinat, mère bio, parents adoptifs), arbre généalogique, objets, etc. Ces éléments devront permettre à l’enfant de se reconstruire une histoire, un passé.
4- Gérer les crise des plus grands par l’humour, la dérision
5- Trouble du sommeil, terreurs nocturnes (vers 23h et 4-5h)
Ne pas prendre l’enfant, le rassurer en lui parlant, le touchant. Eventuellement dormir à côté de lui (pas dans votre lit, ni dans son lit) pendant 4-5 jours, 2 semaines maximum.